Nous étions loin du courrier électronique, des SMS, des mails et des comptes en banque... C'était l'époque où le courrier du cœur était confié au facteur. Des mots d'amour écris sur de belles cartes, patiemment attendues...
Les facteurs de campagne avaient souvent un double emploi. C'était le cas de Léon ! Le petit déjeuner pris, il s'occupait de ses deux vaches. Il enfilait sa veste bleue et sa casquette, les deux ornées d'un oiseau flèche, d'un galon blanc, et boutons dorés sur la veste. Gaillardement en sifflotant, il partait trier son courrier.
Muni de sa bicyclette avec deux sacoches, l'une en cuir pour le courrier et une en toile pour les mandats et les recommandés.
À cette époque, le facteur transportait de l'argent pour payer les pensions et mandats.
Ceci dura jusqu'aux environs où les patrons ont exigés un compte postal ou bancaire. Fini les temps où un délégué partait le dernier jour du mois, escorté de deux gendarmes chercher l'argent pour la paye des ouvriers. Ce fut un manque à gagner pour les facteurs au point de vue « pourboires ».
L'hiver, Léon partait à pieds s'il y avait de la neige. Un petit bonjour en passant, parfois il lui était offert un café chaud et un casse-croûte. Il rendait quelques services : timbres, tabac et même quelques billets doux envoyés d'une manière discrète entre jeunes gens ou amis secrets qu'il n'aurait jamais divulgués.
En fin d'année, il était le bienvenue avec son incontournable calendrier Oberthur. C'était l'occasion de lui offrir ses étrennes. Pour ma part, j'ai gardé mon dernier de 2009 en souvenir. Celui que j'avais choisi : « La Caverne d'Ali Baba ».
Marie M.
10 décembre 2012